Avec l'introduction de la plateforme Parcoursup et des algorithmes en 2020, les méthodes de sélection pour l'entrée dans l'enseignement supérieur français subissent d'importants changements. Pour anticiper ces bouleversements, Sciences Po Bordeaux a mis en place dès le printemps 2018, un groupe de travail dirigé par Vincent Tiberj pour se préparer à ces changements, dont les implications sur le dispositif JPPJV étaient alors encore difficiles à appréhender.
Avec l'introduction de Parcoursup, le programme JPPJV connaît des évolutions significatives. Fort de 43 lycées conventionnés en Nouvelle-Aquitaine, le dispositif est renforcé par deux réformes au cours de l'année universitaire 2018-2019, affirmant son ambition sociale. En amont, un Centre de ressources à distance est créé pour soutenir les élèves et les équipes pédagogiques des lycées participants.
Sous la direction de Grégory Champeaud, professeur d'histoire au lycée Fernand Daguin, ce centre renforce le soutien aux élèves inscrits dans le dispositif. En aval, le Fonds d'Aide à l'Insertion et à la Réussite des Élèves (FAIRE), initié par Noël Eyrignoux, chargé de mission Diversité sociale et Égalité des chances auprès du directeur de l'établissement, est créé pour favoriser l'égalité de traitement des élèves, en particulier des boursiers, inscrits à Sciences Po Bordeaux. Cette initiative renforce la solidarité entre les élèves en valorisant l'entrée des boursiers dans l'école grâce au programme JPPJV.
Dans ce contexte, l'établissement prend une décision décisive : abandonner le concours écrit, en place depuis le début, pour opter pour une nouvelle procédure adaptée aux contraintes logistiques de Parcoursup et conçue pour renforcer davantage l'ouverture sociale de l'école. Au cours des années 2010, malgré une augmentation progressive des candidatures aux épreuves d'entrée, le taux de boursiers dans l'école diminuait régulièrement.
Le passage à Parcoursup ainsi que la résilience du dispositif JPPJV vont contribuer à une augmentation significative du taux de boursiers parmi les candidats à l'entrée de Sciences Po Bordeaux : de 6,5 % en 2017, il remonte à 9,5 % en 2020 pour atteindre près de 11,5 % en 2024.
Grâce à l'effort collectif du réseau JPPJV, à la visibilité nationale de Parcoursup, à la gratuité des frais d'inscription pour les boursiers et aux tarifs réduits pour les candidats préparationnaires JPPJV, de nombreux candidats ont franchi la barrière qui les éloignait de l'IEP. Ce changement de paradigme dans les procédures de sélection, mettant désormais l'accent sur le dossier scolaire, l'oralité et la diversité des parcours des candidats, a suscité des inquiétudes voire des incompréhensions.
Les conférences annuelles avec les équipes pédagogiques impliquées dans le dispositif témoignent de cette réalité : un travail de sensibilisation est nécessaire pour unir les efforts autour d'une nouvelle approche visant à concilier excellence académique et justice sociale. Une façon comme une autre pour Sciences Po Bordeaux de lutter contre le séparatisme scolaire qui fragilise – plus encore aujourd'hui qu'au début du XXIe siècle – la société française (Dubet, Vallaud-Belkacem, 2024).
Ce graphique atteste des effets positifs de révolution silencieuse engagée au début de l'année 2020.