Le dispositif JPPJV en quelques cartes

Dès son origine, le programme affiche une double ambition territoriale : proposer le dispositif JPPJV à l'ensemble des départements de la Région et ouvrir largement le programme aux territoires ruraux, souvent confrontés souvent confrontées à des obstacles importants pour accéder aux études supérieures.

Un girondisme revisité

Si Victor Hugo a pu considérer (à tort) que le girondisme était un « point de détail », cette revendication territoriale, mêlant affirmation de soi et valorisation des spécificités locales, est au cœur du programme JPPJV dès son lancement.

En 2004, un constat important est fait : une baisse des candidatures régionales à Sciences Po Bordeaux. Le programme est donc lancé pour contrer deux problèmes : une "parisianisation" du recrutement, avec une augmentation de 84 % des candidatures franciliennes entre 2003 et 2004, et une "nationalisation" silencieuse du vivier de candidats, source de difficultés liées à l'éloignement et à l'insertion des futurs élèves.

Une logique de politique territoriale pragmatique

Comment remédier à cette situation préoccupante ? Un document d'archive fournit la réponse : faire sauter « les verrous » (tant psychologiques que financiers ou encore pédagogiques) qui freinent les inscriptions régionales à Sciences Po Bordeaux.

Le programme collabore avec des lycées sélectionnés selon plusieurs critères : équilibre territorial entre les cinq départements de la Région Aquitaine, respect de la démographie, tailles variées des établissements et composition sociologique des bassins de population de chaque établissement. Ainsi, le dispositif JPPJV associe des lycées urbains souvent défavorisés en termes d'indice de position sociale (IPS)* et des lycées ruraux situés dans des zones marquées par des indices de jeunesse et de vieillesse défavorables, ainsi que par un fort éloignement géographique*. En 2024, cette ambition territoriale se traduit par une forte représentation de territoires avec des soldes naturels et migratoires négatifs dans la géographie du dispositif JPPJV.

Indice de position sociale des lycées *

L'indice de position sociale des élèves (IPS) est un outil de mesure quantitatif de la situation sociale des élèves face aux apprentissages dans les établissements scolaires français. Plus l'indice est élevé, plus l'élève évolue dans un contexte familial favorable aux apprentissages. Cet indice est construit à partir des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) des représentants légaux des élèves.

  • Au niveau national = 116,3
  • Au niveau des académies de Nouvelle-Aquitaine = 117,4
  • Au niveau des établissements JPPJV = 110,4
    • le programme JPPJV intègre donc des établissements moins favorisés socialement (par rapport à la moyenne nationale & régionale)
Indice d’éloignement des lycées 2023 **

Mesure de l’éloignement géographique des établissements : Plus l’indice est élevé, plus l’éloignement est important.

  • Au niveau national = 103,3
  • Au niveau des académies de Nouvelle-Aquitaine = 107
  • Au niveau des établissements JPPJV = 108,6
    • le programme JPPJV intègre donc des établissements plus éloignés géographiquement (par rapport à la moyenne nationale & régionale)

Le souci de la régionalisation

Cette logique de régionalisation reste l'une des principales caractéristiques du programme JPPJV, le distinguant des dispositifs similaires des autres grandes écoles.
La répartition géographique actuelle du dispositif démontre un souci de couverture régionale complète. Depuis son extension aux académies de Limoges et de Poitiers, le dispositif JPPJV couvre désormais les douze départements de la Région Nouvelle-Aquitaine.

Quelques chiffres illustrent cette couverture : lors de la campagne de recrutement de 2024, près de 93 % des candidats originaires de Creuse (23) proviennent des deux lycées creusois participant au programme ; près de 83 % des candidats de Corrèze (19) sont inscrits dans les lycées partenaires ; et près de 80 % des candidats des Landes (40) viennent des cinq établissements secondaires conventionnés dans ce département.

Poids démographique de chaque académie

Académie de Bordeaux : 62 % (59,5 %) ; Académie de Poitiers : 24 % (29,5 %) ; Académie de Limoges : 14 % (11 %)

(source : DEPP 2022)

 

Bibliographie pour aller plus loin : Olivier Bouba-Olga, dir., La Nouvelle-Aquitaine en 100 cartes, Poitiers, Éditions Atlantiques 2024.