02 février 2023|Scolarité

Réforme de l'année de mobilité étudiante

Le Conseil d’Administration de Sciences Po Bordeaux a voté le 1er février 2023 le principe du changement de l’année de mobilité étudiante, de la 2e année à la 3e année d’études. Cette réforme aux multiples avantages passe par une phase de transition et s’inscrit dans le cadre d’une démarche participative plus large impliquant toutes les parties prenantes pour rénover la maquette pédagogique du premier cycle dans son contenu et dans ses méthodes.

Les tenants et aboutissants de cette réforme de l’année de mobilité étudiante à Sciences Po Bordeaux ont été étudiés sous toutes les coutures. Bénéfique pour les élèves et pour l’établissement, ce changement a été acté dans son principe par le Conseil d’Administration de Sciences Po Bordeaux. Ses modalités de mise en œuvre et ses répercussions sur la maquette pédagogique du premier cycle font actuellement l’objet d’une large concertation à laquelle participent tous les acteurs concernés, dont les étudiants via leurs représentants. Ce travail de fond doit aussi permettre d’améliorer encore la formation dispensée dans une logique d’adaptation des compétences des étudiants aux nouveaux enjeux sociétaux.

L’année de mobilité – autrement dit une année d’études dans un autre établissement à l’étranger – constitue un marqueur fort du cursus d’un élève de Sciences Po Bordeaux. Cet intangible se voit conforté aujourd’hui par une réforme qui déplace cette expérience en 3e année du cursus. Cette mesure permettra à Sciences Po Bordeaux de s’harmoniser avec la plupart des établissements et de favoriser les opportunités d’échanges avec des universités partenaires en France et à l’étranger.  Daniel Compagnon, Directeur délégué au Projet, à la Prospective et au Développement, voit d’abord et avant tout l’intérêt des étudiants. « Certains de nos élèves sont encore mineurs au moment de leur départ, ce qui leur ferme les portes de certaines universités qui exigent d’accueillir des personnes majeures. De plus, une mobilité plus tardive garantit une meilleure préparation, avec des choix plus réfléchis et éventuellement ciblés en lien avec leur futur master ». Notre interlocuteur mentionne deux autres points clés, que Céline Thiriot, Directrice pédagogique du premier cycle, développe. « Nos étudiants auront désormais la possibilité de passer un semestre dans un établissement partenaire et un semestre en stage ou en service civique. Cette formule hybride optionnelle décuple pour eux le champ des possibles en termes d’épanouissement personnel et d’expérience professionnelle ». Le second atout de ce changement revêt quant à lui une dimension pédagogique capitale. « En plaçant cette mobilité en 3e année, celle-ci ne viendra plus couper la scolarité de premier cycle. Nos enquêtes mobilité indiquent que beaucoup d’étudiants étaient déstabilisés par cette rupture et que certains avaient même le sentiment de revenir en arrière lors du retour à l’Institut ». S’il n’est pas question pour nos interlocuteurs de crier « haro » sur un système qui a très bien fonctionné pendant des années, ils estiment que celui-ci peut être amélioré. « Nous observons un nombre de plus en plus important d’élèves qui ressentent le besoin d’effectuer une césure en fin de premier cycle malgré leur deuxième année de mobilité. En partant en 3e année, ils bénéficieront d’un sas qui leur permettra de se projeter plus facilement sur le second cycle, sachant que la formation en 5 ans à Sciences Po Bordeaux constitue un continuum ».

Une évolution de la maquette pédagogique

Sciences Po Bordeaux a prévu de faciliter la mise en œuvre de cette réforme grâce à une transition gérée sur deux ans. L’institut se doit aussi de faire évoluer sa maquette de premier cycle puisqu’il n’est pas matériellement possible et pédagogiquement souhaitable de plaquer les contenus actuels de 3e année sur la 2e année.

« L’établissement profite donc de ce changement pour mener collectivement une réflexion sur les évolutions à apporter. L’idée n’est pas de tout bouleverser, mais de mieux articuler le programme du premier cycle avec le second et d’intégrer de nouvelles pratiques, méthodes ou contenus en phase avec les attentes des étudiants, des enseignants, du marché du travail et, plus largement, de la société » poursuit Céline Thiriot. Laquelle évoque « des réflexions stimulantes et des pistes prometteuses d’amélioration » issues des groupes de travail qui planchent sur le sujet depuis novembre 2022. « Nous avons voulu une réforme ouverte qui passe par tous les acteurs de l’école : étudiants, enseignants, chercheurs, Cellule d’Appui à la Pédagogie, Services soutien et support, direction pédagogique… Dans un premier temps, tous les sujets ont été mis sur la table, sans tabou » précise pour sa part Daniel Compagnon, évoquant à titre d’exemples deux sujets en débat. L’un porte sur l’intégration de nouveaux enseignements, à dimension plus scientifique ou encore en lien avec la transition écologique. L’autre sur l’évaluation des élèves à l’heure où des outils d’intelligence artificielle en accès libre transforment les modalités de production des exercices écrits et questionnent leur portée pédagogique. Nos interlocuteurs évoquent aussi la nécessité de renforcer le cheminement professionnel dans les trois premières années de formation, tout en le différenciant du choix du master. « Cette réforme est heureuse car elle apporte des plus-values à l’ensemble de notre communauté éducative. Mais pour cela, il faut anticiper les risques potentiels, d’où notre attention particulière sur plusieurs points de vigilance ».

Des points de vigilance

L’un d’eux tient précisément au processus qui conduit au choix du parcours de master, lequel s’effectue en 3e année, à une période où les étudiants ne seront plus demain dans l’établissement. « Nous avons apporté la preuve pendant les confinements de la crise sanitaire que l’établissement, ses enseignants et ses étudiants, savent communiquer efficacement à distance grâce à des outils numériques adaptés, renforcés depuis. Nous allons enrichir de surcroît les moyens d’interactions entre les étudiants en mobilité et les responsables de parcours pour parfaire un dispositif d’orientation déjà bien rodé » précise Céline Thiriot. L’école a aussi entendu les inquiétudes des élèves sur l’impact de la réforme sur la vie étudiante, les 3e années constituant un contingent important de ses forces vives. Parmi les hypothèses envisagées pour assurer la pérennité des associations et la capacité d’investissement des 1re et 2e année, il est possible que l’engagement étudiant soit mieux valorisé et intégré en premier cycle. Un renforcement « des passages de témoin » d’une année sur l’autre pour assurer la continuité et la pérennité des associations étudiantes sera aussi mis en œuvre. « La phase de concertation actuelle se poursuivra jusqu’en mars 2023 avant la remise d’un projet après arbitrages de la Direction et discussion dans les instances consultatives de l’établissement » souligne Daniel Compagnon, rappelant que rien n’est arrêté à ce jour. Il faudra effectivement attendre le vote du Conseil d’Administration en juin 2023 pour entériner un projet consensuel qui s’écrit actuellement. L’occasion pour Céline Thiriot d’appeler à l’échange et à la participation de toutes et tous. « Les portes des bureaux de Daniel Compagnon et moi-même sont grandes ouvertes. Nous invitons toutes celles et ceux qui le souhaitent à venir s’informer à la source et échanger avec nous ». Sciences Po Bordeaux sait faire preuve de pédagogie dans la conduite du changement d’une réforme pédagogique !

Focus groupes de travail

Depuis novembre 2022 et jusqu’à fin mars 2023, l’établissement mène une action de concertation collective de grande ampleur. 8 groupes de travail, disciplinaires, transdisciplinaire et sur la vie étudiante se réunissent régulièrement pour évoquer l’impact de la réforme en cours, réfléchir à l’existant et élaborer de nouvelles propositions. Enseignants, enseignants-chercheurs, administratifs et élus étudiants sont parties prenantes du processus, à des degrés divers. La première phase de réflexion, terminée ce 31 janvier, avait pour but de faire l’état des lieux des dispositifs actuels. La seconde phase doit déboucher sur des propositions consolidées s’appuyant sur le référentiel des compétences de l’établissement et à l’issue du processus, sur un projet de maquettes et de règlement des études associé.