Les élèves1 de Sciences Po Bordeaux que nous avons interrogés pour connaître leur réaction à la mise en place début 2024 du dispositif VEC de Sciences Po Bordeaux sont unanimes : c’est une bonne idée ! Ce consensus s’explique par le fait qu’une grande majorité d’élèves de l’établissement participent déjà peu ou prou à des activités éligibles à ce dispositif.
« Sciences Po Bordeaux est connu pour le foisonnement de ses associations et le nombre important d’étudiants qui s’y impliquent, dont une part importante dans des activités à vocation d’intérêt général. On recoupe de façon large derrière ce terme les actions à visée sociale et/ou environnementales, comme l’humanitaire, l’aide aux personnes, la transition écologique, le développement durable, l’économie sociale et solidaire, les réservistes ou pompiers volontaires, etc. » expliquent Céline Thiriot et Daniel Compagnon, respectivement Directrice des études pour le premier cycle et Directeur délégué au Projet, à la Prospective et au Développement. Il serait trop long ici de lister le spectre des activités qui entrent dans le champ de la VEC dont il faut d’abord et avant tout comprendre l’état d’esprit. « Le but est de valoriser des engagements non académiques dont nous savons qu’ils participent à la montée en compétences de nos élèves. Ce faisant, ils s’ouvrent sur le monde et la société avec, pour certains, la possibilité de découvrir d’autres réalités que leur milieu familial ou culturel » poursuivent nos interlocuteurs. Ces derniers précisent que le projet a émergé lors de discussions préparatoires à la réforme de l’enseignement en 1er cycle, en particulier lors d’un atelier sur la vie étudiante incluant les élus étudiants au Conseil d’administration.
La reconnaissance des activités parascolaires
La VEC répond à la volonté de faire reconnaître les activités parascolaires et leur donner la place qu’elles méritent. Sa mise en œuvre a été validée par le Conseil d’administration de l’école, en accord avec les enseignants et les élus étudiants. Sciences Po Bordeaux a cherché à inclure tous les profils dans son dispositif puisqu’il prend aussi en compte l’expérience salariés des étudiants qui travaillent en parallèle de leurs études, ainsi que les statuts « sportif de haut niveau » et « étudiant salarié ». À cela s’ajoutent si nécessaire les activités d’intérêt général effectuées pendant la troisième année de mobilité. Au total, sur leurs quatre premières années d’études, les étudiants devront cumuler 150 heures d’engagement citoyen, un total que certains élèves sont d’ores et déjà susceptibles potentiellement de justifier en un ou deux ans seulement. Bien évidemment, ce volume horaire doit être pris sur leur temps libre. Autrement dit, les activités choisies doivent être compatibles avec leur emploi du temps et leur charge de travail. Très ample, le dispositif présente cependant des restrictions. Le fait par exemple d’être simplement licencié dans un club sportif ou d’adhérer à un syndicat étudiant ou à un parti politique ne correspond pas à la dimension d’intérêt général recherchée par l’école.
Une première promotion VEC en 2023/2024
La première promotion concernée par ce nouveau dispositif concerne les élèves actuellement en première année. Dès le mois de janvier prochain, Sciences Po Bordeaux va les informer et les accompagner, via notamment le service de la vie étudiante. Les élèves disposeront d’une plateforme numérique sur laquelle ils viendront individuellement indiquer leurs activités et le temps consacré. Cet accès personnalisé leur permettra de sauvegarder leurs données et de situer sur une échelle de temps la part consacrée à la VEC par rapport à l’objectif fixé à terme, de 150 heures en 4e année. S’ils justifient de ce quota minimum d’engagement citoyen, ces étudiants obtiendront 4 crédits ECTS. Un total qui est loin d’être anecdotique au moment du décompte final puisqu’il faut 60 ECTS pour valider une année universitaire. Une commission VEC sera chargée de vérifier la conformité des dossiers remis, lesquels devront contenir des documents justificatifs : attestations, rapports, etc. Des points d’étape annuels seront effectués. Cette commission sera aussi amenée à statuer en cas de litige sur le bien-fondé ou l’interprétation citoyenne de tel ou tel engagement, le tout dans une approche collaborative. « L’attribution de crédits ECTS nous oblige à contrôler que les étudiants se conforment aux consignes fixées, tant pour des raisons évidentes d’équité que par souci de rigueur de fonctionnement vis-à-vis de nos autorités de tutelle » soulignent Céline Thiriot et Daniel Compagnon. Mais ces derniers insistent avant tout sur l’esprit collaboratif du dispositif qui doit aider les étudiants à mieux valoriser leur engagement, tant à titre personnel que professionnel. « Tout engagement citoyen, dès lors qu’il est réalisé avec sincérité, est épanouissant pour les élèves car il participe à leur construction de vie d’adulte. De plus, en les amenant à comptabiliser et à justifier de leurs engagements, on les aide à prendre conscience de leur implication et, ipso facto, de les valoriser auprès de leurs futurs employeurs. Ces derniers sont de plus en plus attentifs au parcours extrascolaire des candidats dans un marché de l’emploi qui donne chaque année plus d’importance à la responsabilité sociétale et environnementale ». Qualifiée de « stimulante », la démarche VEC inaugure aussi une autre façon « d’apprécier » le travail d’un élève. Elle propose en effet un nouveau paradigme en termes d’évaluation des compétences acquises qui passe par des cadres variés et non plus seulement par les enseignements. Une démarche qui donne du crédit à l’engagement étudiant.
1 Dont Aglaée Marchand, étudiante en Master 1 Affaires publiques et représentation des intérêts (APRI)