L’accès à Sciences Po Bordeaux pour les bacheliers s’effectue depuis 2020 par le truchement de Parcoursup. Après avoir connu des pics d’affluences les premières années, le volume des candidatures se stabilise en 2024-2025. 4 223 dossiers ont ainsi été reçus, soit moins de 1% de différence par rapport à l’an dernier.
« Sciences Po Bordeaux est toujours une école recherchée, ce qui garantit une cohorte d’élèves de très bon niveau. Le revers de la médaille tient dans notre sélectivité qui n’est pas délibérée mais qui résulte de notre capacité d’accueil limitée à 275 élèves en 1re année. Cette contrainte logistique engendre malheureusement des déceptions que nous comprenons » explique Céline Thiriot, directrice des études pour le 1er cycle. Assez logiquement, le Sud-Ouest composé de la Nouvelle-Aquitaine et de l’Occitanie draine le plus de demandes (40%) devant le Sud-Est (16%), l’Ile-de-France (13%) et l’Ouest (11%). En Nouvelle-Aquitaine, tous les départements sont représentés, même si la Gironde (42%) se taille la part du lion, devant les Pyrénées-Atlantiques (14%) et la Charente-Maritime (10%). Une ex-région comme le Limousin rassemble néanmoins 82 candidatures en provenance de Corrèze, de Creuse et de Haute-Vienne. La campagne de recrutement 2024-2025 à bac zéro confirme par ailleurs une tendance lourde, à savoir une prédominance féminine, tant pour les postulants (68%) que pour les admis (74%). Enfin, malgré tous les efforts de l’établissement pour lisser le phénomène connu de reproduction des élites au sein des grandes écoles, 60% des candidatures résultent de bacheliers issus de familles PCS+* contre 13% pour les PCS moins favorisées et 11% pour les professions intermédiaires. L’occasion de rappeler à ce titre l’importance du dispositif « Je le Peux Parce que Je le Veux » (JPPJV) de diversité sociale et territoriale de Sciences Po Bordeaux qui fêtera en octobre prochain ses 20 ans d’existence et qui a concerné 50 lycées régionaux en 2023-2024.
« Nous cherchons à travers notre concours et nos initiatives à assurer la plus grande diversité géographique, sociale et culturelle car elle s’avère enrichissante pour les élèves comme pour l’établissement. Il existe cependant encore de nombreux élèves situés dans des établissements hors des centres-villes des agglomérations qui ne connaissent pas notre école ou qui estiment à tort qu’elle n’est pas faite pour eux. Nous profitons chaque année de notre campagne de recrutement pour tenter de casser cette image d’inaccessibilité ».
*Professions et catégories socioprofessionnelles
Retour sur la campagne de recrutement 2023-2024
Comme chaque année, le service des admissions de l’Institut s’est mobilisé pour aller à la rencontre des jeunes et de leurs parents à l’occasion des multiples salons étudiants organisés à Bordeaux, Périgueux, Mont-de-Marsan, Agen et même… en Martinique. « Nous commençons dès le mois de novembre de l’année précédente car la question de l’orientation post-bac intervient de plus en plus tôt dans l’année scolaire » explique Magalie Prévot, sa gestionnaire. Laquelle met aussi en avant la Journée Portes Ouvertes de l’école en janvier 2024 qui a attiré près de 2 000 visiteurs malgré des restrictions imposées par le plan Vigipirate. « Nous ne pouvons malheureusement répondre à toutes les sollicitations, notamment des lycées. Heureusement, des anciens élèves de ces établissements actuellement étudiants au sein de l’école y participent ». Une démarche soutenue par l’école. « Nous encourageons effectivement nos étudiants à se rendre dans leur ancien lycée pour témoigner avec leurs mots et leur vécu de la possibilité de candidater quel que soit le profil des lycéens » insiste Céline Thiriot.
Outre les bacheliers de l’année, des élèves de première, seconde et même de troisième parfois interrogent les représentants de l’Institut. « La prise en compte des notes de première dans le dossier de Parcoursup a accentué ce phénomène » explique Magalie Prévot qui liste les questions les plus fréquentes des jeunes et de leur famille sur les salons (dont voici par la même occasion les réponses entre parenthèses). « Une option est-elle à privilégier au bac pour entrer à Sciences Po Bordeaux ? » (non) – « Le fait d’être dans un lycée privé est-il discriminatoire ? » (non) – « Une préférence est-elle donnée aux élèves de Nouvelle-Aquitaine par rapport aux autres régions ? » (non). Même si elle est marginale, l’interrogation « Est-ce que la raison d’être de Sciences Po Bordeaux est de former des femmes et des hommes politiques ? » à la vie dure et donne lieu là aussi à une réponse négative. « Les parents sont souvent surpris de l’amplitude des professions de nos anciens élèves et les futurs étudiants heureux de voir le champ des possibles qui s’ouvre à eux » ajoute Magalie Prévot qui observe également que les jeunes rencontrés sont très attirés par l’année de mobilité internationale qui participe grandement à l’attractivité de l’école. Assez logiquement, le déroulement du processus de sélection des phases d’admissibilité puis d’admission (avec la constitution du dossier scolaire et l’entretien oral d’admission) fait l’objet de nombreuses demandes d’information et de conseils.
Quant à la liste définitive des admis, il faudra attendre maintenant le 12 juillet pour la connaître. En sachant qu’avec les désistements, de nombreux admis inscrits sur liste d’attente ont toute leur chance…
Une semaine pour fortifier le vivre-ensemble
Pour accueillir dignement ses futurs élèves de 1re année, l’établissement met les petits plats dans les grands avec une semaine complète de pré-rentrée en lieu et place d’une seule journée d’intégration les années précédentes. Une première dans l’histoire de l’institut !
« Le succès de cette journée lors des éditions précédentes, les attentes récurrentes des élèves et des familles en matière d’accompagnement et l’irruption de certains faits de société nous ont conduit à programmer cinq jours de rendez-vous et d’activités pour « faire école ensemble » et susciter « un vivre ensemble » positif dès le départ » contextualise la directrice des études 1er cycle de Sciences Po Bordeaux. La rituelle réunion de rentrée animée par le directeur et la direction des études permettra aux primo-rentrants de découvrir l’Institut et son organisation. « C’est le moment où l’on définit les règles du jeu » résume Céline Thiriot qui insiste aussi sur l’accompagnement pratico-pratique des nouveaux venus. « La quasi-totalité de ces élèves – dont nombreux sont encore mineurs – n’a jamais quitté le nid familial. Il est essentiel de les accompagner pour faciliter leur intégration ». Christophe Prévot, chargé de la vie associative et étudiante, est la cheville ouvrière de cette semaine bien remplie. « Le programme alterne des temps d’information, de sensibilisation et d’échanges grâce à des partenaires et des prestataires, sans oublier différentes activités sportives, culturelles ou ludiques ».
Une multitude d’acteurs seront présents pour délivrer des informations en lien avec le logement et la restauration, les transports, la Caisse d’allocations familiales, les mutuelles étudiantes, la santé, etc. Le Bureau des Élèves (BDE), l’Association Sportive et le Bureau des Arts seront représentés afin de détailler l’offre proposée par la cinquantaine d’associations étudiantes de l’école. Des ateliers interactifs seront par ailleurs organisés, sous forme de jeux de rôle, sans compter l’organisation d’un tournoi de basket et de beach volley. À noter aussi, la forte implication de tous les services internes de l’école à l’occasion de cette pré-rentrée. « On ne pourra pas tout dire. L’idée est néanmoins de permettre à chaque nouvel arrivant d’identifier les différentes ressources de l’établissement pour savoir qu’elles existent le jour où il en aura besoin ». Cette approche s’effectuera par la mise en œuvre d’initiatives originales, comme la bibliothèque de Sciences Po Bordeaux qui va organiser un escape game pour inciter à faire connaissance avec ce lieu emblématique de l’établissement.
Faire passer des messages
Si l’information aux élèves et la cohésion entre étudiants font partie des prérogatives fortes de cette semaine de pré-rentrée, celle-ci a aussi pour objectif de faire passer des messages. Ainsi, deux réunions en matière de prévention des violences sexistes et sexuelles d’une part, de développement durable et responsabilité sociétale d’autre part, seront organisées. Deux représentations théâtrales sont aussi programmées, l’une sur l’instrumentalisation du corps de la femme au cours des siècles, l’autre sur la question de la confiance en soi et de la dépression traitée de façon originale. « Dans la même veine, nous avons prévu une conférence sur la Palestine avec des universitaires spécialistes de la question pour aider les primo-rentrants à comprendre le conflit en Palestine en prenant du recul, et dans un esprit d’ouverture intellectuelle » surenchérit Céline Thiriot.
Pour résumer, les étudiants vont vivre en une semaine une mise en abîme de leur première année de vie scolaire et extra-scolaire à Sciences Po Bordeaux. Soit finalement bien plus qu’une semaine de pré-rentrée !