1/ Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique ?
Après deux années de prépa littéraire au lycée Montaigne, je suis entré directement à Sciences Po Bordeaux, en profitant du concours conventionné qui m’a permis d’intégrer l’école en troisième année (cursus général). Cette année d’intégration a été très enrichissante intellectuellement, j’ai notamment réalisé un mémoire, sous la direction d’Yves Déloye, ancien directeur de l’école, « Machiavel, homme moderne et révolutionnaire ». J’ai apprécié par ailleurs le temps que j’avais pour m’ouvrir aux autres et m’attarder sur des matières que je n’avais pas eu l’occasion d’exploiter en prépa ; je pense entre autres à l’économie.
Côté associatif, j’ai été membre du MUN (Model United Nations) et d’Eurofeel, avec lesquelles j’ai pu participer à quelques ateliers (même si je reconnais ne pas avoir été toujours assidu !). Je faisais également partie de l’équipe de badminton de l’AS. À titre plus personnel, j’étais le référent bordelais de l’initiative Sciences Pistes à domicile, un dispositif qui propose des cours particuliers aux élèves de collèges et de lycées. Cela m’a rappelé ma première expérience associative, au lycée. J’avais participé alors à un « passeport d’actions sociales » en m’investissant dans de l’aide aux devoirs.
Je suis rentré en master 1 Carrière Administratives (CA) en 2019, juste avant le début de la pandémie. J’ai découvert le droit : cela a été un peu dur au début, mais les enseignants m’ont parfaitement accompagné. J’ai réalisé ma 5ème année en « Objectif ENA », la classe préparatoire qui s’adresse aux élèves qui s’intéressent aux concours de la haute fonction publique. J’ai trouvé ces cours, de manière générale, de très grande qualité. Côté financier, je me réjouis d’avoir pu bénéficier de la bourse FAIRE (Fonds d'Aide à l'Insertion et à la Réussite des Élèves) pendant la pandémie.
2/ Intégrer la fonction publique, était-ce une vocation ?
Effectivement ! J’avais en tête de devenir ambassadeur depuis mes 13 ans. Un déclic littéraire à l’origine de ce rêve : la lecture de La promesse de l’aube de Romain Gary. Cet écrivain fût, comme on le sait, consul à Los Angeles… je crois que son choix de carrière a déteint sur moi ! Le goût du service public me vient aussi de ma famille, pour la plupart militaires ou agents dans la fonction publique d’Etat... Une influence certainement non-négligeable dans ma volonté de rejoindre cette dernière.
Je me suis testé dans le privé. Une excellente expérience qui m’a néanmoins fait ressentir le manque du « service » : le service à l’autre, l’investissement dans une cause qui nous dépasse, cette idée de s’engager pour faciliter la vie de ses concitoyens…
J’ai construit mon projet professionnel au fur et à mesure, parfois même à partir de mes échecs (j’ai raté le concours de Sciences Po Bordeaux à Bac+0). Par ailleurs, la prépa A/L (filière lettres classiques) n’est pas la voie la plus directe pour accéder à la fonction publique. J’ai finalement réussi à « raccrocher les wagons » et à intégrer Sciences Po Bordeaux. C’est à ce moment-là qu’en quatrième année, notamment par le biais du séminaire Grand services publics, j’ai confirmé que c’était bel et bien la voie que je souhaitais suivre.
Mon stage de fin d’études, réalisé en Préfecture, m’a quant à lui permis de constater que le corps préfectoral m’intéressait aussi. Actuellement, j’ai donc deux projets en tête : la diplomatie et le corps préfectoral, qui sont des zones d’opportunité que j’espère pouvoir saisir à la sortie de l’INSP, ou plus tard dans ma carrière.
La préparation « Objectif ENA » de Sciences Po Bordeaux commence tard dans le calendrier (entre octobre et novembre), pour permettre aux élèves de réaliser leur stage de fin d’année avant le début des cours (parallèlement, ce stage constitue un prérequis pour entrer à Objectif ENA). Le concours de l’ENA/INSP était quant à lui organisé au mois d’août, tout comme celui à venir en 2022. De fait, de nombreux concours administratifs ont lieu entre avril et août. Ce qui explique cette différence de calendrier avec d’autres masters 2.
Mon stage réalisé en Préfecture s’est déroulé au bureau de la sécurité intérieure, au sein du cabinet de la Préfète de la région Nouvelle Aquitaine et de la Gironde. Je l’ai débuté le jour du déconfinement (mai 2020) et je l’ai terminé le 1er octobre. Initialement, mes missions étaient concentrées autour de l’ordre public. Mais au fur et à mesure, j’ai également été amené à m’occuper de questions relatives à la COVID-19. Enfin, j’ai pris part à la programmation et à l’évaluation des subventions attribuées au titre du FIPDR (Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation).
Les cours de la préparation Objectif ENA se sont terminés à la mi-juin. J’ai ensuite vécu un mois et demi de travail intensif, souvent organisé en petits groupes. Une tradition, selon moi, extrêmement importante pour réussir le concours : après avoir appris pendant toute l’année, c’est le moment de relecture et d’absorption des fiches.
Les épreuves écrites se déroulent sur une semaine, fin août. Pour préparer les oraux, qui ont eu lieu en octobre-novembre, j’ai étudié avec l’équipe de Sciences Po Bordeaux et mais aussi en classe préparatoire intégrée de l’ENA à Strasbourg. En termes de calendrier, je ne faisais plus partie du master 2 Objectif ENA ; j’ai pourtant bénéficié d’un suivi des responsables du parcours dès qu’ils ont su que j’étais admissible à l’oral. Des oraux blancs ont par exemple été organisés, sur place à Bordeaux ou via des visioconférences Zoom. Il y un eu un vrai investissement de la part de l’école, appliqué également à l’égard de mes camarades admissibles à d’autres oraux.
3/ Parlez-nous de votre quotidien d’élève-fonctionnaire…
Le 30 novembre 2021 à 15h, j’ai appris que j’étais reçu au concours de l’INSP. Tout s’est ensuite enchainé très vite : rentrée administrative à Paris le 6 décembre, accueil par Maryvonne Le Brignonen (nouvelle directrice de l’INSP) et les membres du jury. J’ai intégré une promotion de 89 personnes. La rentrée scolaire a eu lieu quant à elle le 3 janvier dernier, pour un départ en stage international trois semaines plus tard.
En première année, les élèves de la formation initiale effectuent ainsi deux stages, répartis sur 11 mois environ : le premier stage prend l’intitulé "international" et le second, "territoire-entreprise". Pour ma part, je suis actuellement en ambassade, à Buenos Aires. Mais mes camarades ont également eu la possibilité de partir dans les institutions européennes, des organisations multilatérales ou au sein du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Plus de la moitié de ma promotion a été affectée en ambassade à l’étranger.
Ce stage, obligatoire, doit durer 3 mois et demi. J’enchainerai à mon retour sur le stage « territoire -entreprise », dont la première partie s’effectue en préfecture, et la seconde, dans une PME. La rentrée de ma seconde année à l’INSP aura lieu en janvier 2023.
En ce qui concerne mon stage à Buenos Aires, le choix s’est opéré à l’occasion de ma pré-rentrée parisienne, en décembre dernier. La Direction des stages nous a questionné sur nos vœux en termes de zone géographique. Cette année était évidemment particulière, les possibilités de destinations devant s’adapter aux contraintes sanitaires du moment. La zone « Amériques » et en particulier l’Amérique du sud m’intéressait tout particulièrement et était donc mon premier vœu.
De manière générale, les stages internationaux de l’INSP permettent aux élèves-fonctionnaires de découvrir le fonctionnement de la diplomatie française et des différentes missions existantes en ambassade. Le travail en ambassade consiste en la rédaction de notes, aux échanges pour renforcer les coopérations existantes ou en développer de nouvelles mais aussi en l’organisation de visites officielles... L’objectif est donc de pouvoir participer activement à la vie de l’institution dans laquelle nous sommes envoyés et de comprendre, de manière concrète, la manière dont elle fonctionne.
Le stage territoire-entreprise permet ensuite aux stagiaires INSP de découvrir l’État dans sa fonction sa plus régalienne, via sa représentation au sein du territoire. Quels événements peut-il être amené à gérer ? Comment sont mises en œuvre les politiques publiques au niveau départemental ou régional ? Les préfectures sont la cheville ouvrière de l’Etat dans les territoires et participent à la mise en œuvre effective d’une très grande variété de politiques publiques. Ce qui rend ce stage à venir très intéressant. Le stage complémentaire se réalise in fine en PME pendant deux mois. Les élèves profitent ainsi de l’opportunité de s’immerger dans le secteur privé, entre autres pour percevoir les attentes du monde privé à l’égard de l’Etat et comment ils reçoivent les politiques déployées..
Si vous êtes intéressés par son parcours, Marin Lassalle met à disposition ses coordonnées personnelles pour répondre aux questions des élèves prétendant aux concours administratifs.