11 janvier 2024|Formation

Les espaces dans toutes leurs dimensions

Master Stratégies et gouvernances métropolitaines (SGM)

Relativement récent dans la maquette pédagogique de Sciences Po Bordeaux, le master SGM confirme son attractivité depuis sa création en 2015. Tant pour son objet, à savoir la gouvernance des espaces urbains et métropolitains que pour la méthode d’enseignement déployée par l’équipe pédagogique animée par Gilles Pinson, directeur du master.

« SGM constitue un des masters les plus récents de l’école, sa création permettant de combler un vide dans l’offre de formation du 2e cycle de l’école ». Professeur de science politique et chercheur au Centre Émile Durkheim, Gilles Pinson revient ainsi sur la naissance du Master Stratégies et Gouvernances Métropolitaines qu’il dirige. « Historiquement, Sciences Po Bordeaux a été une place forte dans l’étude des politiques locales et le fonctionnement de la cité. Cette tradition s’était un peu perdue avec le temps. Le renouvellement des générations de chercheurs d’une part, l’accélération du phénomène de métropolisation d’autre part, ont relancé l’attrait pour l’organisation des espaces urbains ». Résumer le master SGM au seul périmètre de l’aménagement et de l’urbanisme serait en effet une erreur d’appréciation puisque cette formation embrasse une multitude de problématiques et d’acteurs en lien avec le développement économique, social ou culturel des lieux de vie, le tout chapeauté par le défi sociétal de la lutte contre le réchauffement climatique et ses corollaires. Mobilité, architecture, aménagement urbain, vie associative, sobriété énergétique, biodiversité, inclusion… Les points d’entrée pour aborder les stratégies et gouvernances métropolitaines des collectivités font des gouvernances métropolitaines des équations de plus en plus complexes. Ce contexte nécessite des aptitudes de compréhension et d’analyses que les étudiants de Sciences Po Bordeaux ont développées tout au long de leur cursus et qui trouvent dans le master SGM un terrain d’expression fertile.

Un master taillé sur mesure pour les profils Sciences Po

« Ce master permet de s’immerger dans l’écosystème urbain, d’analyser ses multiples formes, les structurations de sa gouvernance, ses paysages, son ingénierie... Ses étudiants pourront in fine se spécialiser sur les questions de mobilité, d’habitat, de dynamique associative ou encore d’aménagement urbain, ce qui a été mon cas » témoigne Salomon Mendoza, ancien étudiant du cursus. « Je retiens de cette formation des cours variés, ouvrant de larges horizons, tant sur des questions environnementales et politiques que sociales et sociétales. Je suis à 100% pour cette logique d’enseignement » lui répond en écho Lola-Rose Combe, fraîchement diplômée. Ces deux « jeunes » anciens de SGM (dont vous pouvez lire les propos en fin d’article) attestent du parti-pris de Gilles Pinson de ne pas enfermer ses étudiants dans une vision technicienne des métiers et des enjeux. « Ce master pousse à comprendre les intérêts des différents acteurs impliqués dans les politiques territoriales. Les étudiants de Sciences Po ont été formés au premier cycle pour cela : ils savent écouter et analyser les logiques des interactions entre tous les acteurs concernés. Ils sont donc en capacité de développer les compétences d’ensemblier que nous leur proposons et que le marché du travail demande » précise-t-il. La question urbaine – éminemment politique avec ses doctrines qui évoluent au gré des changements de société – se prête donc aux facultés des étudiants de l’école. « J’ai été étonné les premières que nos jeunes diplômés trouvent leur premier emploi dans des sociétés de conseil où, dans l’imaginaire collectif, l’expérience est un critère de recrutement. Or, l’activité de ces structures se rapproche du savoir-faire et du savoir-être de nos élèves. D’ailleurs, même si SGM n’est pas un master de recherche, il mobilise l’esprit critique et l’exigence méthodologique propre à la démarche de recherche. Par ailleurs, dans le domaine des politiques territoriales, les questions que se posent les chercheurs sont assez proches de celles des professionnels ».

De la distanciation, mais aussi du terrain

Ce cadre posé, il faut rappeler que ce master est professionnalisant et qu’il laisse la part belle aussi à la confrontation au terrain à travers différents temps fort en 4e et en 5e année. À cheval sur les deux années, le « projet collectif » met ainsi le pied à l’étrier à ses étudiants avec la prise en compte d’une commande réelle et rémunérée1 d’un organisme évoluant dans le domaine des politiques urbaines et métropolitaines. Les élèves, encadrés par des tuteurs, sont réunis en groupes mixtes avec des étudiants de l’École nationale d’architecture et de paysage de Bordeaux (ENSAPBx). Une collaboration qui leur permet d’apprendre à travailler avec des profils différents des leurs et d’apporter in fine une réponse à une commande réelle qui comporte un volet stratégique et politique et une dimension spatiale. Le master organise chaque année par ailleurs un voyage d’étude qui permet à la promo de se rendre dans une ville étrangère afin de comprendre ses enjeux spécifiques, ses stratégies et les systèmes d’acteurs qui les mettent en œuvre. Des rencontres avec des professionnels – organisées par les étudiants – enrichissent également la formation qui se termine comme tous les masters par un stage de longue durée, toujours très formateur et souvent synonyme de tremplin pour l’emploi. « Nos étudiants sont recrutés par des collectivités, des sociétés d’aménagement, des bailleurs sociaux, des promoteurs immobiliers, des associations ou des agences spécialisées » conclut le directeur d’un master qui s’ouvre à de nouveaux horizons. Le champ des stratégies et des gouvernances ne se limite plus aux sphères urbaines et métropolitaines mais concerne aussi les territoires ruraux confrontés aujourd’hui à des enjeux de revitalisation. Le master SGM a de beaux jours devant lui !

1 Laquelle participe au financement d’un voyage d’étude

Témoignages d'anciens élèves

Lola-Rose Combe, ancienne étudiante du master Stratégies et gouvernances métropolitaines (SGM), diplômée 2023

À la recherche de nouveaux horizons

Après une prépa littéraire, Lola-Rose est entrée à Sciences Po Bordeaux en 3e année. « Très vite, le choix du master s’est posé. Les thématiques de SGM me plaisaient et j’ai apprécié la présentation qui en a été faite par Gilles Pinson. J’avais un bon ressenti sachant que, de toute façon, aucun autre master ne m’attirait ». Un choix plus réfléchi qu’il n’y paraît puisque la jeune femme – qui a eu le loisir de vivre à la campagne et en ville - s’était déjà posé beaucoup de questions sur cette orientation. « Mon bilan de ce master est positif. Il tient beaucoup à ma classe, constituée de gens passionnés et très investis, qui ont participé à rendre ce cursus qualitatif. J’ai apprécié cette dynamique positive et engageante ». Lola-Rose retient de sa formation des cours variés, ouvrant de larges horizons, tant sur des questions environnementales et politiques que sociales et sociétales. « Je suis à 100% pour cette logique d’enseignement » explique celle qui, très vite, s’est sentie attirée par un possible futur dans la recherche, en lien avec les sujets liés « à l’espace et aux questions urbaines ». Elle évoque aussi le projet collectif à cheval entre la 4e et la 5e année, à la fois « formateur » et « douloureux » en raison d’une commande pas forcément évidente à assumer et des contraintes de temps et d’organisation à gérer. Une dimension concrète qui a été encore plus marquée lors de son stage de fin d’études à la Fabrique1 de Bordeaux Métropole où elle a travaillé sur le plan ZAN (Zéro artificialisation nette)2.

De la terre à la terre

Lola-Rose n’a jamais été dans une approche carriériste de ses études, s’interrogeant sur son avenir. « Mon stage m’a permis de prendre conscience que le travail de bureau me pesait. J’avais en outre l’envie d’améliorer mes connaissances en biodiversité et de découvrir plus en profondeur la botanique ». Quoi de plus utile pour réfléchir à l’usage des terres que de s’y pencher ! Dans ce bouillon de culture, la jeune diplômée s’est engagée comme maraîchère au sein d’une Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) à Pessac, proche de Sciences Po Bordeaux. « C’est un lieu hybride qui fait le lien entre producteurs locaux et consommateurs, qui possède son propre espace de production et qui anime des jardins partagés ». En plus de semer, bêcher et récolter, Lola-Rose mène une étude comparative entre les différentes AMAP de Gironde, en attendant de solliciter un contrat doctoral en septembre 2024. Quant aux conseils qu’elle pourrait donner aux futurs élèves du master, elle insiste sur « le fait de ne pas tout connaître, voire même de se sentir incompétent est normal ». Elle précise que « le master SGM nous amène à découvrir beaucoup d’acteurs, d’univers et de structures qu’il serait vain de vouloir tout maîtriser. « Il permet surtout de nous ouvrir aux questionnements sur les politiques urbaines en général. L’expérience montre qu’on apprend les tâches plus techniques de nos collègues en poste ».  Avant de rappeler les compétences précieuses apprises à Sciences Po Bordeaux. « On apprend à apprendre, à analyser et à déployer de bonnes méthodes de travail. Le reste vient ensuite » !

 

1 Société publique locale chargée de prestations et d’études urbaines 

2 La loi "Climat et résilience" du 22 août 2021 a posé un objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) à l'horizon de 2050, notamment en revitalisant un espace pour chaque espace vitalisé.

Salomon Mendoza, ancien étudiant du master Stratégies et gouvernances métropolitaines (SGM), diplômé 2021

"Un métier qui parle aux gens"

Originaire des Deux-Sèvres, Salomon Mendoza a finalisé son cursus de 5 ans à Sciences Po Bordeaux par le master SGM. « Mon choix s’est porté sur cette formation qui bénéficie au sein de l’école d’une forte visibilité et dont la dimension locale et territoriale s’avère bien identifiée » explique-t-il. « J’avais envie d’une profession qui serve l’intérêt général et qui donne accès plus facilement et rapidement à des actions de terrain ». Le fait que le programme intègre un voyage d’étude à l’étranger l’avait aussi attiré. Une promesse tenue avec un séjour à Bristol sur la thématique des smarts cities. « Aujourd’hui, je me rends compte que je peux assez facilement évoquer mon métier. Ce dernier parle aux gens car il recoupe des problématiques qui touchent tout un chacun ». Du master SGM, l’ancien étudiant de Sciences Po Bordeaux retient l’opportunité de dialoguer avec des acteurs locaux sur l’aménagement de la cité et d’un projet collectif mené en collaboration avec l’école d’architecture de Bordeaux. Interrogé sur le profil des étudiants de sa promo, Salomon Mendoza se remémore une « curiosité pour les choses du quotidien » et « une appétence pour les enjeux des villes et des métropoles ». Avec un atout de taille : la diversité des thématiques à explorer.

Des horizons multiples et variés

« Ce master permet de s’immerger dans l’écosystème urbain, d’analyser ses multiples formes, les structurations de sa gouvernance, ses paysages, son ingénierie... Ses étudiants pourront in fine se spécialiser sur les questions de mobilité, d’architecture, de dynamique associative ou encore d’aménagement urbain, ce qui a été mon cas ». Après un stage fructueux de fin d’études en 5e année à Marseille dans une société de conseil et malgré une offre d’emploi, le diplômé de Sciences Po Bordeaux a préféré ajouter une formation d’un an à son cursus en « aménagement et maîtrise d’ouvrage urbaine » à l’École des Ponts à Champs-sur-Marne. « C’est vraiment un choix personnel car beaucoup de mes amis de promo sont directement et facilement rentrés dans la vie active, comme Chef de projet notamment » prévient-il. Poste qu’il occupe actuellement au sein de l’EPA Euratlantique1 à Bordeaux, la plus grande opération d’aménagement jamais menée sur la métropole bordelaise inscrite dans le cadre d’une Opération d’intérêt national. « J’ai un rôle de coordination auprès d’une multitude d’acteurs de la fabrique de la ville : architectes, promoteurs, entreprises, concessionnaires de réseaux, acteurs du transport public, associations, riverains. Tous ces intervenants doivent communiquer ensemble même s’ils ne parlent pas tous le même langage. J’ai donc un rôle d’interface ». Son métier exige donc un don certain d’ubiquité, le sens de la diplomatie, de l’ouverture d’esprit et le goût de la concertation. « J’ai été bien formé pour cela. Je garde des cours de SGM le souvenir d’une stimulation intellectuelle qui m’a aidé à comprendre la complexité des dynamiques urbaines et ses ressorts politiques, économiques, environnementaux et sociaux. Au final, je ne regrette vraiment pas mon choix ». Nanti d’une rémunération supérieure à 35 K€ brut par an pour un poste en Province, notre spécialiste de l’aménagement urbain pourrait prétendre d’ici une petite dizaine d’années à un poste de directeur. « D’ici là, comme les jeunes diplômés de ma génération, je ne me vois pas rester éternellement dans la même boîte. C’est vivifiant de changer, en particulier dans mon secteur d’activité où il est bon de se confronter à d’autres univers ».

 

1 Établissement public d’aménagement (EPA) en charge d’une des plus vastes opérations d’aménagement de France avec plus de 730 ha sur les communes de Bordeaux, Bègles et Floirac.