« SGM constitue un des masters les plus récents de l’école, sa création permettant de combler un vide dans l’offre de formation du 2e cycle de l’école ». Professeur de science politique et chercheur au Centre Émile Durkheim, Gilles Pinson revient ainsi sur la naissance du Master Stratégies et Gouvernances Métropolitaines qu’il dirige. « Historiquement, Sciences Po Bordeaux a été une place forte dans l’étude des politiques locales et le fonctionnement de la cité. Cette tradition s’était un peu perdue avec le temps. Le renouvellement des générations de chercheurs d’une part, l’accélération du phénomène de métropolisation d’autre part, ont relancé l’attrait pour l’organisation des espaces urbains ». Résumer le master SGM au seul périmètre de l’aménagement et de l’urbanisme serait en effet une erreur d’appréciation puisque cette formation embrasse une multitude de problématiques et d’acteurs en lien avec le développement économique, social ou culturel des lieux de vie, le tout chapeauté par le défi sociétal de la lutte contre le réchauffement climatique et ses corollaires. Mobilité, architecture, aménagement urbain, vie associative, sobriété énergétique, biodiversité, inclusion… Les points d’entrée pour aborder les stratégies et gouvernances métropolitaines des collectivités font des gouvernances métropolitaines des équations de plus en plus complexes. Ce contexte nécessite des aptitudes de compréhension et d’analyses que les étudiants de Sciences Po Bordeaux ont développées tout au long de leur cursus et qui trouvent dans le master SGM un terrain d’expression fertile.
Un master taillé sur mesure pour les profils Sciences Po
« Ce master permet de s’immerger dans l’écosystème urbain, d’analyser ses multiples formes, les structurations de sa gouvernance, ses paysages, son ingénierie... Ses étudiants pourront in fine se spécialiser sur les questions de mobilité, d’habitat, de dynamique associative ou encore d’aménagement urbain, ce qui a été mon cas » témoigne Salomon Mendoza, ancien étudiant du cursus. « Je retiens de cette formation des cours variés, ouvrant de larges horizons, tant sur des questions environnementales et politiques que sociales et sociétales. Je suis à 100% pour cette logique d’enseignement » lui répond en écho Lola-Rose Combe, fraîchement diplômée. Ces deux « jeunes » anciens de SGM (dont vous pouvez lire les propos en fin d’article) attestent du parti-pris de Gilles Pinson de ne pas enfermer ses étudiants dans une vision technicienne des métiers et des enjeux. « Ce master pousse à comprendre les intérêts des différents acteurs impliqués dans les politiques territoriales. Les étudiants de Sciences Po ont été formés au premier cycle pour cela : ils savent écouter et analyser les logiques des interactions entre tous les acteurs concernés. Ils sont donc en capacité de développer les compétences d’ensemblier que nous leur proposons et que le marché du travail demande » précise-t-il. La question urbaine – éminemment politique avec ses doctrines qui évoluent au gré des changements de société – se prête donc aux facultés des étudiants de l’école. « J’ai été étonné les premières que nos jeunes diplômés trouvent leur premier emploi dans des sociétés de conseil où, dans l’imaginaire collectif, l’expérience est un critère de recrutement. Or, l’activité de ces structures se rapproche du savoir-faire et du savoir-être de nos élèves. D’ailleurs, même si SGM n’est pas un master de recherche, il mobilise l’esprit critique et l’exigence méthodologique propre à la démarche de recherche. Par ailleurs, dans le domaine des politiques territoriales, les questions que se posent les chercheurs sont assez proches de celles des professionnels ».
De la distanciation, mais aussi du terrain
Ce cadre posé, il faut rappeler que ce master est professionnalisant et qu’il laisse la part belle aussi à la confrontation au terrain à travers différents temps fort en 4e et en 5e année. À cheval sur les deux années, le « projet collectif » met ainsi le pied à l’étrier à ses étudiants avec la prise en compte d’une commande réelle et rémunérée1 d’un organisme évoluant dans le domaine des politiques urbaines et métropolitaines. Les élèves, encadrés par des tuteurs, sont réunis en groupes mixtes avec des étudiants de l’École nationale d’architecture et de paysage de Bordeaux (ENSAPBx). Une collaboration qui leur permet d’apprendre à travailler avec des profils différents des leurs et d’apporter in fine une réponse à une commande réelle qui comporte un volet stratégique et politique et une dimension spatiale. Le master organise chaque année par ailleurs un voyage d’étude qui permet à la promo de se rendre dans une ville étrangère afin de comprendre ses enjeux spécifiques, ses stratégies et les systèmes d’acteurs qui les mettent en œuvre. Des rencontres avec des professionnels – organisées par les étudiants – enrichissent également la formation qui se termine comme tous les masters par un stage de longue durée, toujours très formateur et souvent synonyme de tremplin pour l’emploi. « Nos étudiants sont recrutés par des collectivités, des sociétés d’aménagement, des bailleurs sociaux, des promoteurs immobiliers, des associations ou des agences spécialisées » conclut le directeur d’un master qui s’ouvre à de nouveaux horizons. Le champ des stratégies et des gouvernances ne se limite plus aux sphères urbaines et métropolitaines mais concerne aussi les territoires ruraux confrontés aujourd’hui à des enjeux de revitalisation. Le master SGM a de beaux jours devant lui !
1 Laquelle participe au financement d’un voyage d’étude