01 novembre 2023|Sciences Po Bordeaux

Schéma directeur de la vie étudiante 2024-2029

Un dessein concret d'amélioration continue

« Une vie étudiante de qualité est un facteur essentiel de réussite. À travers son SDVE, Sciences Po Bordeaux fait du bien-être de ses élèves son axe stratégique prioritaire ». Les mots forts de Dominique Darbon, Directeur de Sciences Po Bordeaux, traduisent l’engagement de l’établissement en faveur du quotidien de ses étudiant·e·s pour la période quinquennale 2024-2029 en termes d’intégration, de santé, de lutte contre le harcèlement et les discriminations, ou encore de vie associative et culturelle.

Fruit des dialogues territoriaux lancés par les recteurs, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche a souhaité que chaque établissement s’approprie la mission « vie étudiante » et réalise un schéma directeur vie étudiante (SDVE) au cours de l’année 2023-2024. Celui de Sciences Po Bordeaux englobe une dizaine de thématiques au total que l’on peut classer en grandes catégories. L’une porte sur la santé, le bien-être et le handicap, autrement dit tous les aspects physiques ou psychologiques des élèves. Une autre s’intéresse à l’accueil et à l’intégration ainsi qu’à la lutte contre le harcèlement et les discriminations, tant pour améliorer et faciliter l’insertion de tous les étudiants que pour prévenir et bannir tous les comportements contraires au respect des personnes ou à leur intégrité. Un autre volet important est consacré à des questions plus pratiques et matérielles, en lien avec l’insertion professionnelle, le logement et les mobilités, ou les ressources. Enfin, la vie étudiante ne serait pas ce qu’elle est si l’engagement, la vie associative et les activités culturelles n’étaient pas traités en profondeur. Sans oublier le sujet de fond du développement durable et de la responsabilité sociétale.

Un schéma esquissé par le passé, dessiné par le présent et projeté vers le futur

Pour tous ces items, le SDVE dresse un état des mesures déjà mises en œuvre, se nourrit des enseignements du présent et flèche un certain nombre d’actions à venir, selon un calendrier annuel qui s’étale de 2024 à 2029 avec des points de passage chaque année. Loin de partir d’une feuille blanche, ce schéma intègre le travail en profondeur sur la vie étudiante orchestrée depuis de nombreuses années par l’établissement, problématique qui a pris une dimension toute particulière depuis la Covid-19. Sciences Po Bordeaux avait à ce titre initié en plein confinement une enquête Conditions de vie et d’études, renouvelée en 2022. Une nouvelle étude du même genre a été effectuée entre février et mars 2023 afin de coller au plus près à la réalité de la vie étudiante. Ses résultats et leur évolution ont conduit l’école à proposer puis valider en Conseil d’Administration de nouveaux champs d’action au terme d’un processus d’élaboration qui s’est organisé de manière participative. Clémence Delfaud, élue étudiante au Conseil d’Administration, confirme cette démarche à laquelle ont participé tous ses pairs. Le thème de l’accueil et de l’intégration a été particulièrement mobilisateur car il constitue en quelque sorte le préalable à une scolarité épanouie. Institut d’études politiques à taille humaine où l’on compte proportionnellement le plus d’élèves étrangers (20%), Sciences Po Bordeaux a toujours été connu pour la diversité de ses profils d’un côté, son esprit de corps de l’autre. Or, parmi les 29% d’étudiants qui ne se sentent pas à leur place au sein de Sciences Po Bordeaux, 70% le sont parce qu’ils ont l’impression de ne pas avoir le niveau. En sus d’un grand nombre de dispositifs déjà en vigueur pour lutter contre ce facteur de stress et le syndrome de l’imposteur, le SDVE a acté six initiatives déployées dès 2024, dont la création d’une journée d’intégration et de cohésion des 1re année. Une préoccupation à rapprocher de la prise en compte de la santé et du bien-être des étudiants, sur le plan physique bien sûr, mais aussi mental. Une enquête sur ce thème est également diligentée chaque année par Sciences Po Bordeaux pour prendre le pouls des étudiants de l’Institut sur cette problématique majeure. En complément d’une cellule d’écoute mise en œuvre depuis 2018 ou d’une mission santé et prévention opérationnelle depuis 2021, dix nouvelles mesures spécifiques « santé » sont inscrites dans le SDVE. Christophe Prévot, chargé de la vie associative et étudiante Mission Santé et Prévention et Marie Annézo, chargée d’études statistiques Pôle Carrières & Partenariats, ont participé activement à la préparation de ce document. Ils confirment la mobilisation de l’école sur cette question aiguë car – à l’instar de données nationales et locales1 – les fragilités psychologiques ne s’améliorent pas deux ans après le début de la crise sanitaire, symptômes persistant d’un Covid long qui laisse des traces…

Une capacité d’action plus ou moins marquée selon les thématiques

Le schéma directeur vie étudiante couvre tous les aspects des élèves, Sciences Po Bordeaux disposant de leviers plus ou moins marqués selon les cas. Sur le logement ou les mobilités par exemple, sa capacité de décision est relativement limitée. Pour autant, une dizaine d’engagement sont au programme, plutôt en fin de quinquennat car elles nécessitent souvent un temps plus long de mise en œuvre. Même logique pour la question des ressources et de l’emploi salarié des étudiants à l’heure où l’inflation et la réduction du pouvoir d’achat touchent les plus précaires financièrement, les étudiants en tête. L’école se montre proactive en la matière puisqu’elle propose plus d’une centaine de jobs par an à ses élèves sous forme de contrats étudiants, permettant d’allier une rémunération et une expérience professionnelle. Notre dossier du mois dernier sur la bibliothèque de l’école évoquait d’ailleurs ses animateurs étudiants rémunérés. Sur d’autres items, l’école possède une marge de manœuvre plus importante. C’est en particulier le cas sur l’insertion professionnelle, un périmètre sur lequel Sciences Po Bordeaux est particulièrement bien placé. « Oui, mais on observe que ce point s’avère anxiogène pour des étudiants alors même que tous les outils existent pour les aider et les accompagner » soulignent Christophe Prévot et Marie Annezo. Le SDVE pointe de fait des mesures pour faciliter l’accès à l’information des élèves ou leur ouvrir dès le premier cycle la découverte de milieux professionnels.

Une dimension sociétale transversale

Concrète et pensée pour les étudiants, la feuille de route pour l’amélioration continue de la qualité de vie au sein de l’école reflète leurs aspirations profondes, en termes d’engagement et de vie associative notamment. 71% des élèves de l’Institut sont membres d’une des 50 associations de l’école, dont une partie de plus en plus importante en lien avec une cause ou une action d’utilité publique. Plus qu’un loisir, cette contribution est perçue comme un moyen d’acquisition de compétences et de savoir qui participe à la formation citoyenne et à l’insertion professionnelle. Fort de ce constat, Sciences Po Bordeaux a mis en place un procédé de reconnaissance et valorisation de l’engagement étudiant (VEE) que le SDVE sanctuarise et renforce. Dans ce même registre, les activités culturelles seront valorisées les cinq années prochaines années et les efforts de l’établissement en matière de développement durable. On notera que ce schéma directeur de la vie étudiante cherche à croiser les différentes thématiques, à l’image du renforcement de l’information et la formation aux débouchés professionnels sur les « carrières vertes » pour le volet sur un environnement d’études écoresponsable. Faute de places, nous ne pouvons pas lister la bonne centaine d’engagements du SDVE de Sciences Po Bordeaux. Nous vous invitons en revanche à les consulter ici. Bonne lecture !

1 Le journal Sud Ouest du 25 octobre 2023 titrait en Une sur l’étude de l’Université de Bordeaux portant sur 2 000 étudiants indiquant qu’un tiers d’entre eux ont eu « des pensées suicidaires » au cours de leurs études.

Interview de Clémence Delfaud, élue étudiante

« Un outil qui répond à de vrais besoins »

9 élèves représentant les trois syndicats étudiants de Sciences Po Bordeaux siègent au Conseil d’Administration de l’école. Tous ont participé à l’élaboration du schéma directeur de la vie étudiante et voté sa mise en œuvre. Clémence Delfaud, représentante du syndicat UNEF Sciences Po Bordeaux et élève en Master 1 Stratégies et gouvernances métropolitaines, nous livre son sentiment sur ce schéma.

Comment s’est traduit votre participation au SDVE de Sciences Po Bordeaux ?

Le SDVE a été présenté par Christophe Prévot, chargé de la vie associative et étudiante Mission Santé et Prévention, à tous les élus étudiants fin juin 2023. Cette première heure d’échange a été l’occasion de découvrir le projet. Nous avons bénéficié d’un temps pour l’appréhender et proposer des évolutions, donnant lieu à un deuxième et troisième temps de rencontre en prévision de sa finalisation.

Quel regard portez-vous sur le document qui vous a été soumis ?

Je tiens tout d’abord à souligner la qualité du travail de fond qui a été effectué pour fournir ce document absolument nécessaire et positif pour les étudiants de l’établissement. Il répond à de vrais besoins et n’a pas fait l’objet d’opposition, bien au contraire. Je suis contente de voir que l’IEP a conscience des difficultés d’accueil et d’intégration, en particulier pour les élèves de première année. Je fais partie de la promotion qui, en raison de la Covid et des confinements, a connu énormément de cours en distanciel, ce qui altère forcément la cohésion étudiante. De plus, le taux de boursier à Sciences Po Bordeaux s’apparente à celui des universités, ce qui peut poser des difficultés d’intégration sociale pour certains profils. Enfin, beaucoup de nouveaux élèves bénéficiaient de notes excellentes en terminale et se retrouvent avec des notes très moyennes à l’Institut, ce qui constitue un choc pour certain, entraînant un sentiment d’inéligibilité. Il est donc nécessaire d’accompagner et de rassurer les étudiants concernés pour leur éviter de l’anxiété. Je salue à ce titre la conférence organisée très récemment par le professeur Vincent Tiberj sur le syndrôme de l’imposteur en lien avec les étudiants relais santé de Sciences Po Bordeaux.

Sur quels points de ce schéma avez-vous particulièrement insisté ?

Le thème de la santé ou du handicap est central. Nous apprécions aussi la mise en place d’un schéma directeur handicap qui permettra par exemple de mieux prendre en compte les pathologies d’élèves dyslexiques gênés dans leurs études parce qu’ils ne perçoivent pas ou mal certains types de police de caractères ou de mise en page de documents. La question de l’alimentation ne doit pas être sous-estimée non plus. Une action avait d’ailleurs été mise en place en lien avec le Directeur général des services de l’école auprès du CROUS en ce sens…

En tant qu’élue étudiante, vous vous mobilisez pour un schéma quinquennal dont vous ne profiterez pas ou peu. Est-ce un regret ?

Le principe même du syndicalisme étudiant est d’œuvrer pour les autres, dans une démarche collective. Les gens s’en vont certes, mais les structures syndicales comme la nôtre demeure. Si j’approuve ce schéma pour son caractère concret, je regrette juste que certaines dates d’action soient un peu lointaines. Il faut de l’ambition pour avancer rapidement afin d’améliorer les conditions de vie des étudiants actuelles et ceux des prochaines rentrées…