1/ Marie, Robinson : bonjour ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Marie Chauché : J’ai 21 ans et je suis élève en 1ère année de master Gouvernance de la Transition Écologique à Sciences Po Bordeaux. Je viens d’Anglet et je pratique le surf à haut niveau (principalement du longboard). Je fais partie du Pôle Universitaire de Surf [1](PUS) de Bordeaux.
Robinson Le Meur : J’ai 18 ans et je suis originaire de Normandie. Je suis étudiant en 1ère année à Sciences Po Bordeaux et sportif au sein du Centre National Universitaire de Tennis (CNUT) de Bordeaux. Je fais beaucoup de compétition en parallèle de mes études, en national et international.
2/ Vous êtes tous les deux sportifs de haut niveau et vous avez tous deux souhaité intégrer Sciences Po Bordeaux : pourquoi ?
RLM : C’est l’unique Institut qui me proposait de concilier études et tennis ! Qui plus est, il est reconnu. Je nourris par ailleurs un intérêt grandissant pour l’urbanisme : je savais qu’un master dédié à ce domaine existait à Sciences Po Bordeaux.
MC : Pour ma part, j’ai passé les concours post-bac, étant particulièrement attirée par la Culture Générale et la 2ème année à l’étranger que proposait l’école. Sa localisation me permet par ailleurs de rentrer rapidement au Pays Basque pour m’entraîner.
3/ Quelles sont les adaptations de votre emploi du temps ?
MC : Je termine ma saison de surf à la Toussaint. Je ne reprendrai les compétitions qu’en avril-mai, fin de l’année scolaire. Heureux hasard, je termine les cours le mercredi soir, ce qui me permet de retourner au Pays basque dès le milieu de semaine. Compte tenu de ce planning avantageux, je n’ai pas besoin d’adaptations particulières. Dans l’ensemble, je bénéficie de plus de flexibilité concernant mes absences.
RLM : Sciences Po Bordeaux accepte que mon cursus soit aménagé ; j’ai la possibilité d’effectuer ma première année en deux ans. Tout comme Marie, je profite d’une souplesse relative à mes absences dues à la compétition. La mise en place des preneurs de notes me permet de rattraper facilement les cours.
4/ Robinson, pourquoi le tennis ? Marie, pourquoi le surf ?
RLM : Ma mère est tombée malade quand j’avais 5 ans. Avec mon frère, nous avons décidé de commencer le tennis à ce moment-là pour « frapper fort » dans quelque chose j’imagine. Petit à petit, je me suis accroché à ce sport, assez solitaire… une espèce de combat contre moi-même. C’est une pratique qui m’a apporté beaucoup de valeurs.
MC : La première fois que je suis montée sur une planche de surf, j’avais 3 ans ! Mon parrain est gérant d’un surf camp au Maroc, mon père est photographe de surf, j’ai grandi au Pays Basque… le déclic est arrivé assez naturellement. Ce sport représente beaucoup pour moi : la liberté mais aussi la discipline, et la possibilité d’être dehors la plupart du temps. En parallèle, j’ai également acquis le statut de haut niveau en sauvetage côtier, qui m’a apporté l’esprit d’équipe qui n’est pas forcément inhérent au surf.
5/ Qu’attendez-vous de l’enseignement à Sciences Po Bordeaux ?
MC : Je suis à la recherche d’ouverture d’esprit. Je veux également forger mon sens critique, J’aime les cours de l’école, je trouve ses intervenants extrêmement pointus. J’attends aussi que mes études m’apportent des outils (rédactionnels, oraux, de contenu…) pour m’aider à m’insérer dans la vie professionnelle qui m’attend.
RLM : J’ai besoin d’apprendre continuellement. Avec mon emploi du temps chargé, je n’ai pas forcément le temps de suivre les actualités. Les cours me permettent de les approfondir. Parallèlement, j’ai remarqué que certains élèves étaient engagés en politique : c’est enrichissant de les côtoyer. Je sais que cette école va m’apprendre à mieux me connaître.
6/ Marie, vous avez déjà vécu votre année à l’étranger : comment s’est-elle organisée ? Robinson, comment l’envisagez-vous ?
MC : Je suis partie à Tenerife, aux Iles Canaries : une destination idéale pour concilier surf et études. Pendant quelques mois, j’ai mis la compétition entre parenthèse. C’était une volonté de ma part : je voulais profiter de cette année pour être en immersion totale. Tenerife m’a malgré tout appris un autre type de surf, puisque les vagues sont différentes de chez nous. J’ai énormément progressé en espagnol. L’année a aussi été riche en rencontres et en voyages.
RLM : J’envisage de partir aux États-Unis, la meilleure solution pour allier études et tennis. En termes de culture, ce n’est cependant pas le pays qui m’attire le plus. Je pense donc à d’autres possibilités comme l’Allemagne ou l’Italie, à condition de trouver un moyen de m’entraîner sur place.
7/ Votre expérience du sport de haut niveau vous aide-t-elle dans la manière dont vous appréhendez vos cours ?
MC : Le sport de haut niveau m’apporte rigueur et discipline. Il m’aide aussi en matière d’organisation : pas le choix, quand on mène plusieurs activités de front ! J’apprécie l’équilibre que j’ai trouvé : surfer me ressource, mais quand mon corps est courbaturé, je suis contente d’étudier.
RLM : Le tennis me permet quant à moi de savoir gérer mon stress et ma concentration. Les voyages à l’étranger que j’ai pu réaliser grâce à mon sport, par exemple au Kenya, m’ont quant à eux ouvert les yeux sur mon quotidien. J’arrive à relativiser facilement quand je suis fatigué, physiquement et moralement.
8/ Quelles sont vos sources de motivation ?
RLM : Mes parents et mon frère : je suis très proche d’eux. Tous les amis que j’ai rencontrés en internat, au lycée (cursus sport-étude) m’apportent beaucoup. Mes coachs au CNUT me soutiennent énormément : je peux toujours me confier à eux quand j’en ai besoin. Je pense également à mes sponsors, Wilson et Smash. Cela me donne envie de me dépasser.
MC : la découverte que procure constamment le surf me booste. J’aime la dimension de surf trip [2]ou la notion de free surf[3]. Je cherche à connaître de nouvelles vagues, de nouveaux endroits… Il ne faut pas croire que cela arrive tout seul. On est constamment accompagnés pour réaliser nos projets et je suis particulièrement épaulée par mon sponsor, Picture.
9/ Quelles personnalités vous inspirent ?
MC : Celles qui m’inspirent gardent leur humilité, même « au sommet ». Elles arrivent à rester au service des autres... Je pense notamment à la surfeuse basque Pauline Ado, un excellent exemple d’humilité. Mes parents, mon parrain et mes proches me rappellent, quant à eux, l’importance du partage au quotidien.
RLM : Je pense à Rafael Nadal. Il se remet en question en permanence, même en étant n°1 ou n°2 mondial. Toujours respectueux de ses rivaux, il est capable de partager une balle ou des entraînements avec n’importe qui, peu importe leur niveau. Dans un domaine tout à fait différent, je suis aussi admiratif de Simone Veil : une femme qui a continué de se battre malgré les épreuves.
10/ Quels sont vos objectifs sportifs ?
RLM : ma priorité, c’est que la conciliation sport et étude continue à bien se passer. Cela reste un rythme fatigant. Côté tennis, j’ai envie de grimper dans le classement et de participer à mes premiers tournois professionnels. En janvier prochain, je participerai à ma première qualification, en Normandie.
MC : j’ai envie de continuer les compétitions en longboard, si possible, sur le circuit international. Je pense notamment au circuit européen, sur lequel j’aimerais me tester. J’aimerais aussi progresser en shortboard[4] pour progresser sur d’autres types de vagues.
11/ Avez-vous le temps de vous investir au sein des associations de l’école ?
RLM : J’ai essayé ! J’ai participé à une séance organisée par Haut les Mots. Je me suis également renseigné auprès de Sciences Peura et Each One. Malheureusement, les rendez-vous proposés sont difficilement compatibles avec mon planning de travail. J’aimerais beaucoup m’y investir en tout cas, peut-être un peu plus tard dans l’année !
MC : Hors-saison, je fais un petit peu de rugby, avec l’équipe de l’école. Il y a énormément d’associations qui m’intéressent, mais tout comme Robinson, je ne peux pas me permettre d’y avoir des responsabilités. J’essaie en revanche d’apporter mes conseils et mes contacts, quand cela peut être utile !
12/ Comment considérez-vous le sport au sein de Sciences Po Bordeaux ?
MC : Je suis enthousiasmée par la valorisation du sport au sein de cette école. Je trouve cela très bien que la pratique soit obligatoire : l’offre est tellement diversifiée que tout le monde y trouve forcément son bonheur ! C’est un excellent moyen de s’intégrer et de créer des liens.
RLM : côté association, je trouve l’offre de l’AS extrêmement riche (j’en fais d’ailleurs partie). Logiquement, je jouerai sous son maillot aux jeux inter-IEP ! J’aime l’ambiance qui nous est proposée : à la fois sérieuse, en termes de challenge sportif, mais aussi conviviale. Cette envie de faire du sport, à Sciences Po Bordeaux, est bien plus forte qu’ailleurs !
13/ Pensez-vous déjà à l’après Sciences Po Bordeaux ?
RML : Je ne suis qu’en première année, mais je sais que j’ai envie d’intégrer une école d’urbanisme. Cela dépendra, naturellement, de mon niveau de tennis au moment où il faudra que je me décide.
MC : Je souhaite que le surf puisse faire partie intégrante de ma vie professionnelle. J’ai conscience qu’on ne vit pas du surf, mais j’aimerais trouver un métier compatible avec ma pratique. La protection de l’environnement me tient à cœur et je suis par ailleurs attirée par les territoires insulaires. Les outre-mers pourraient me tenter, par la suite.
14 / Avez-vous des conseils à vous apporter ?
MC : garde ta motivation : tu te débrouilles déjà bien ! Écoute ta passion. Si tu es là, c’est que tu as déjà une rigueur de travail. N’oublie pas que c’est en mettant du sens dans nos actions qu’on y arrive, cela permet de tenir dans les périodes intenses. C’est important de se faire de bons copains aussi. C’est plus compliqué pour nous de tisser des liens, à cause de nos absences. Alors, quand tu es à l’école et pas à l’entrainement, profite pleinement de ces moments !
RLM : Merci Marie. Pour ma part, je vais commencer par me gérer moi-même avant de conseiller les autres ! (rires)
[1] Le PUS a été inauguré à la rentrée 2021
[2] Voyage programmé autour du surf, aventure en lien avec la nature, organisée souvent pour découvrir de nouveaux spots
[3] Surf autour du monde sans objectif sportif, financier, ou professionnel
[4] La planche courte, est utilisé pour prendre des vagues rapides et raides, contrairement au longboard, qui permet de surfer de façon plus traditionnelle, la plupart du temps sur des vagues plus petites