05 janvier 2023|Sciences Po Bordeaux

L'énergie de la transition

Sciences Po Bordeaux se mobilise pour gérer concrètement les nombreuses transitions auxquelles l’établissement doit faire face. Dont celle liée à l’écologie qui s’inscrit plus largement dans sa démarche Développement durable et responsabilité sociétale (DDRS). Explication…
Etudiants devant le batiment de Sciences Po Bordeaux

De son plan de sobriété énergétique à sa démarche Développement durable et responsabilité sociétale (DDRS), Sciences Po Bordeaux intègre au quotidien des actions de lutte contre le réchauffement climatique. L’école s’applique aussi à sensibiliser tous ses étudiants à cette problématique, mais aussi à offrir à ceux qui le souhaitent une formation dédiée.

La mise en œuvre d’un plan de sobriété énergétique

Sciences Po Bordeaux aborde la question écologique dans le respect de son autorité de tutelle. En application de la circulaire du 24/09/2022 adressée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’école a élaboré un plan de sobriété énergétique à l’instar des autres établissements universitaires français. Celui-ci comprend une multitude d’actions concrètes relatives à la gestion du parc immobilier, la mobilité des personnels et des étudiants, les stratégies d’achats, les activités de recherche et équipements de formation, ou encore la sensibilisation de toutes les composantes de l’institut aux enjeux de transition écologique. Les mesures en lien avec les économies d’énergie - sujet brûlant au cœur des frimas de l’hiver – sont multiples : chauffage à 19° C, abaissement de la température ambiante en période d’inoccupation, climatisation limitée aux seuls locaux informatiques, ventilation naturelle, éclairage piloté LED, isolation de qualité, etc.

« Nous avons la chance à Sciences Po Bordeaux de bénéficier d’un patrimoine bâti qui a fait l’objet d’une opération d’extension-restructuration entre 2013 et 2016 incluant des objectifs de performance HQE (haute qualité environnementale) » explique Emmanuel Nadal, Directeur général des services. « Depuis, nous avons effectué de nouveaux travaux de rénovation sur la partie ancienne du bâtiment, notamment en termes de performance thermique et de gestion optimisée de la ressource en eau ». Des efforts qui payent puisque la consommation énergétique n’a augmenté que de 40 à 50% alors même que la superficie des locaux a été multipliée par deux et que la population étudiante a progressé de 25% dans le même temps. Le DGS explique en outre que l’enjeu de l’institut à moyen terme est de sortir de la dépendance aux énergies fossiles. Pour cela, il annonce des études poussées d’énergie de substitution, en lien notamment avec un projet de raccordement à un réseau de chaleur urbain de campus ou encore le recours à la géothermie ou à des installations photovoltaïques.

La question centrale des mobilités du personnel…

Le spectre d’intervention du plan de sobriété 2022-2023 de Sciences Po Bordeaux porte aussi sur la mobilité des personnels et des étudiants. La question est centrale car dans son bilan carbone 2019 – année de référence non perturbée par la Covid – ce poste pesait pour 57% des émissions de CO2 de l’école, loin devant les autres items1. On distingue à ce titre la part liée à chacune des deux grandes catégories d’acteurs de l’établissement. Concernant le personnel, il faut distinguer les émissions relatives à leurs déplacements hors domicile (17%) et domicile-travail (11%). Un plan de mobilité inter-établissement du campus universitaire Pessac Talence Gradignan est en cours. Une enquête sur la mobilité des personnels a été réalisée à cet effet en 2022 à laquelle 62% des collaboratrices et collaborateurs de Sciences Po Bordeaux ont répondu. Floriane Reilhan, Ingénieure prévention des risques et développement durable, nous en livre les principales conclusions. « Le temps moyen de trajet domicile-travail des salariés est de 31 minutes pour une distance de 11 km. Les modes alternatifs de transport à la voiture individuelle sont majoritaires lorsqu’on additionne les déplacements en transports en commun (25%), en vélo (19%), en co-voiturage (9%) et à pieds (2%). Sur nos 41% d’autosolistes2, 79% estiment « envisageable » pour eux le fait d’utiliser une mode de locomotion plus vertueux ». Autant de chiffres qui vont dans le bon sens selon Emmanuel Nadal. « Ce report modal me semble positif. Surtout si on prend en compte que notre personnel, qui a été rajeuni, subit la hausse de l’immobilier particulièrement sensible au cœur de Bordeaux Métropole et se voit contraint d’habiter de plus en plus loin de notre institut ». L’occasion pour le DGS de rappeler que Sciences Po Bordeaux a été un des premiers établissements du campus bordelais à mettre en œuvre la prise en charge partielle des frais de transport et qu’il aide à l’achat d’un vélo dans le cadre d’un forfait mobilité durable de 200 euros maximum. Sans oublier non plus des aménagements de stationnement, dont l’installation d’arceaux à vélos et la création prochaine d’un garage sécurisé pour les deux-roues. « La solution passera aussi par une offre de transport en commun étoffée via le futur RER métropolitain et un renforcement de nos dispositifs de covoiturage ».

… Et celles des étudiants !

Les élèves de Sciences Po Bordeaux sont, comme une écrasante majorité de jeunes aujourd’hui, sensibles à la transition écologique. Deux associations étudiantes locales se sont plus particulièrement emparées du sujet, à savoir Essplicite et Echologik. Cette dernière, dans le droit fil du collectif national étudiant Pour un réveil écologique, avait d’ailleurs formulé 45 propositions concrètes qui ont alimenté la stratégie de l’établissement en la matière. Reste que l’actuelle 2e année de mobilité à l’étranger des étudiants de Sciences Po Bordeaux s’avère gourmande énergétiquement, représentant 29% de l’empreinte carbone de l’établissement. « Il n’est pas question de remettre en cause ce principe pédagogique » assure Emmanuel Nadal. « Pour autant, de nombreux sujets sont à mettre sur la table, tant sur le choix des destinations lointaines que sur les modes de déplacement pour des séjours en Europe par exemple ». Si décision il y a, celle-ci se fera de toute façon après concertation avec toutes les parties prenantes, dont les étudiants impliqués à tous les stades de décision de la vie de l’école. Le tout sans précipitation ni idéologie car l’institut se veut prudent sur les questions écologiques qui nécessitent souvent une expertise scientifique et technologique…

De la sensibilisation générale à la formation professionnalisante

Il existe en revanche une piste de progrès qui ne demande aucune compétence particulière et dont les effets sont concrets et immédiats : les éco-gestes. Médiatiques dans les années 1970 suite aux deux premiers chocs pétroliers de notre histoire contemporaine, ces derniers sont revenus d’actualité avec la guerre en Ukraine. Sciences Po Bordeaux sensibilise ses élèves sur la question énergétique avec la mise en place depuis la rentrée 2021 de la fresque du climat. Cette animation permet à tout élève de première année de l’institut de comprendre les causes et conséquences du réchauffement climatique et de voir comment il peut être lui-même acteur du changement. En commençant tout d’abord par suivre toutes les consignes locales d’économie d’énergie, objets par ailleurs d’informations ciblées : tri sélectif, fermeture des fenêtres l’hiver (contre le froid) et l’été (contre la chaleur), limitation des pertes d’eau, etc. « Avant de penser à compenser, commençons à réduire nos émissions » résume le DGS qui travaille sur cette question transversale en lien étroit avec tous les services de l’école, y compris ceux en lien avec l’enseignement et la recherche. Car si Sciences Po Bordeaux s’applique avec énergie à participer à sa propre transition écologique, elle cherche aussi à former les décideurs institutionnels et privés de demain. « Le développement durable constitue un pilier de la formation à Sciences Po Bordeaux » explique Daniel Compagnon, à la fois en qualité de Directeur délégué au Projet, à la Prospective et au Développement de l’école qu’en tant que Responsable du parcours "Gouvernance de la Transition Écologique". Ce dernier nous éclaire à ce titre sur l’offre de formation de l’école sur ce thème, mais aussi sur les travaux des laboratoires de recherche de l’institut. Lire son témoignage.

1 Dont « achats de biens et services » (21%), « bâtiment » (19%) et « déchets » (3%).

 

Bien au delà de la transition écologique !

Aussi importante soit-elle, la transition écologique ne saurait faire oublier les autres dimensions que revêt la démarche Développement durable et responsabilité sociale (DDRS) de Sciences Po Bordeaux. Outre son schéma directeur de transition écologique qui sera présenté en 2023, l’école intègre aussi dans son approche responsable son ouverture au territoire. Celle-ci se caractérise par des actions à vocation culturelle mais aussi sociale, marquée notamment par la diversification du profil de ses étudiants, avec un nombre d’élèves boursiers en hausse. Cette démarche se matérialise aussi par des initiatives en faveur de l’insertion d’étudiants ou de personnels en situation de handicap. Il est aussi question de l’égalité femmes-hommes, du bien-être dans l’établissement, ou encore de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Certaines de ces thématiques ont déjà fait l’objet de dossiers dans Atrium (voir nos numéros précédents).

Témoignage de Daniel Compagnon

Directeur délégué au Projet, à la Prospective et au Développement, Responsable du parcours "Gouvernance de la Transition Écologique"

Une appétence partagée

« La problématique écologique fait consensus puisqu’elle recoupe nos préoccupations, celles des pouvoirs publics et de nos étudiants. Elle porte sur l’action de l’établissement pour lutter contre le réchauffement climatique, mais aussi sur son offre de formation spécialisée. Ainsi, parmi les 45 propositions étudiantes nées de la pétition nationale Pour un réveil écologique et présentées au Conseil d’Administration, figurait l’insertion d’un enseignement spécifique en lien avec le sujet. Depuis, s’est tenue à Bordeaux le 20 octobre 2022 une journée de travail national sensibiliser et former aux enjeux de la transition écologique et du développement durable dans l’enseignement supérieur sous la houlette de Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. A Sciences Po Bordeaux, nous n’avons pas attendu ces encouragements pour mettre en place dès 2019 le master Gouvernance de la transition écologique que je pilote. Celui-ci forme en deux ans de façon approfondie de futurs acteurs de premier plan du secteur institutionnel et privé qui apporteront leur expertise sur le sujet. Des cours optionnels sur la même thématique sont proposés en 3e année et enregistrent un franc succès. De même, tous les étudiants de première année sont sensibilisés au réchauffement climatique, partant du principe qu’il leur faudra avoir dans leur vie professionnelle une idée claire et précise de cet enjeu incontournable. Dans le même temps, nos laboratoires de recherche – le Centre Émile Durkheim en particulier - démontrent leur intérêt croissant pour le sujet à travers des questions connexes multiples : territorialisation des politiques d’agroécologie, impact de la pollution de l’air sur les métropoles du Sud, stratégie de réduction de l’empreinte carbone des laboratoires initiée par le collectif Labos 1.5, etc. Les travaux de nos enseignants- chercheurs irriguent ensuite nos étudiants à travers les cours dispensés. C’est dire si l’appétence autour de la transition écologique est partagée au sein de Sciences Po Bordeaux dont la taille humaine constitue à la fois un atout et un handicap. Nous faisons preuve d’une agilité sur cette thématique que n’ont pas forcément de grandes universités. À l’inverse, nos ressources, humaines et financières, sont plus limitées mais nous nous efforçons de les utiliser à pleine capacité !