06 juillet 2023|Admissions

Entrée à Sciences Po Bordeaux en première année

Décryptage de notre processus d'admission via Parcoursup

917 000 lycéens et étudiants en réorientation ont formulé leurs vœux d’affectation pour l’année universitaire 2023-2024 via la plateforme Parcoursup, dont plus de 4 300 pour notre seul établissement.

Nous avons interrogé Dominique Darbon, directeur de Sciences Po Bordeaux, sur le processus d’admission de l’école, en particulier sur les critères qui ont prévalu au choix des candidats « admissibles » puis « admis ».

Que faut-il retenir du processus d’admission à Sciences Po Bordeaux ?

Depuis 2020, la plateforme d’affectation post-bac Parcoursup constitue un passage obligé pour tous les lycéens qui souhaitent intégrer notre établissement. Cette procédure s’impose donc à Sciences Po Bordeaux, au même titre qu'à 21 000 autres formations en France. Cette évolution a créé « un appel d’air » avec une montée exponentielle du nombre de candidats, de 2 383 postulants en 2018 à 4 334 en 2023, soit près du double en seulement cinq ans ! Les candidatures proviennent en outre désormais de toute la France, Sciences Po Bordeaux étant l’un des IEP les plus attractifs. Or, notre nombre de places en première année n’est pas extensible. Nous accueillons en effet 275 nouveaux élèves en cursus général et 58 dans nos programmes internationaux, nos « filières intégrées ». De fait, l’entrée à Sciences Po Bordeaux s’avère donc incontestablement sélective même si nous sommes l’IEP qui offre le plus de places parmi tous les Sciences Po de Province1

Justement, quels sont les critères « de sélection » de Sciences Po Bordeaux et que nous disent-ils « des priorités » de l’école ?

Sciences Po Bordeaux, fidèle à son histoire, reste une école d’excellence pédagogique. Son processus d’admission consiste donc à sélectionner les candidats les plus aptes à suivre notre enseignement selon un processus largement explicité sur notre site, et les plus motivés. Le processus d'admission comprend une phase d’admissibilité puis une phase d’admission. J’insiste pour préciser que tous les élèves sans distinction sont potentiellement « sélectionnables », qu’ils viennent de lycées généraux publics ou privés, de zones urbaines ou rurales. Il n’y a donc aucune exclusion ou discrimination. Dans le même temps, nous développons depuis 20 ans une politique de diversification de notre recrutement, soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine. Celle-ci a donné naissance à notre dispositif Je le Peux Parce que Je le Veux (JPPJV), labellisé Cordée de la réussite et largement connu des proviseur·e·s. La démarche consiste à accompagner les lycées du territoire régional marginalisés sur le plan géographique et social en amont de la phase d’admission. Tout le monde sait que plus un concours est sélectif, plus il est socialement inégal. Notre finalité est notamment de lever les freins souvent psychologiques qui poussent des élèves à s’autocensurer alors même qu’ils disposent du potentiel pour intégrer notre Institut. Ces derniers ne bénéficient en revanche ni de voies ni de places réservées. Ils suivent le même cheminement de sélection et ses exigences que les autres lycéens. Cette cohorte est passée de 20 étudiants en 2016-2017 à 55 élèves en 2022/2023, issus de 50 établissements de notre région.

Est-ce que cette politique « d’égalité des chances » se matérialise aussi dans l’algorithme de calcul que Sciences Po Bordeaux utilise pour noter les candidats en phase d’admissibilité ?

Ce point mérite d’être éclairci. Il faut savoir que le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche met à la disposition des établissements un Outil d’Aide à la Décision (OAD) qui leur permet de prendre en compte les critères qui leur semblent prioritaires pour « noter » les candidatures. Nous avons malgré tout décidé d’utiliser notre propre algorithme car un paramètre pour nous primordial, qui va dans le sens de notre stratégie d’ouverture de l’école et qui favorise les lycées dont les élèves présentent un profil hétérogène, manquait à l’outil ministériel : l’écart à la moyenne.

Est-ce que le statut d’élève boursier influence d’une manière ou d’une autre le classement final des admissions ?

Ce critère n’entre pas en ligne de compte dans notre méthode de calcul. En revanche, le Ministère de l’Enseignement et de la Recherche fait remonter automatiquement les premiers élèves boursiers du classement à l’issue du processus final de Parcoursup. La loi ORE2 impose en effet un minimum d’élèves boursiers du secondaire dans ses rangs, établi en 2022-2023 à 12% pour Sciences Po Bordeaux.

Est-ce que Sciences Po Bordeaux communique avec Parcoursup ? La plateforme prend-elle en compte les observations de la communauté éducative ?

Sciences Po Bordeaux communique régulièrement avec Parcoursup qui répond rapidement et clairement à toutes nos demandes d’informations et de précisions techniques. La plateforme propose en outre des formations pour utiliser et exploiter au mieux ses possibilités que nos équipes de la scolarité suivent chaque année. En revanche, il n’existe pas de discussion sur des aménagements logiciels de la plateforme qui permettrait d’orienter la sélection des profils de candidats sur la base de critères plus sociologiques. Pour autant, chaque établissement dispose de la latitude - comme le fait Sciences Po Bordeaux – de faire évoluer l’outil, et donc de définir plus finement son algorithme de calcul. Dans la mesure où nous nous inscrivons dans la démarche d’égalité des chances prônée par le Ministère, nos choix en faveur d’une meilleure diversité dans le recrutement de nos élèves n’ont jamais fait l’objet de critiques ou de remarques de la part de notre autorité de tutelle.

Pour autant, le processus d’admission à Sciences Po Bordeaux suscite des questionnements. Comment l’expliquez-vous ?

Comme tous les autres établissements universitaires, nous utilisons la plateforme Parcoursup qui fait l’objet de questionnements qu’il ne m’appartient pas de juger. De fait, nous en sommes indirectement les victimes collatérales en quelque sorte. Plus largement, la question de la sélection - qui fait des heureux et des malheureux - est d’autant plus sensible que notre faible taux d’admission génère de la frustration. Si on divise le nombre d’admis à Sciences Po Bordeaux (333) par le nombre de lycées d’enseignement généraux en Nouvelle-Aquitaine (337), on obtient une moyenne inférieure à 1 candidat par établissement. Il est donc logique que certains lycées – y compris les plus réputés – ne comptent dans leur rang aucun bachelier admis à Sciences Po Bordeaux. J’entends toujours la nécessité de clarifier encore plus nos procédures d’admission. À ce titre, nous participons déjà chaque année à de nombreuses actions et manifestations auprès des différents acteurs de la communauté éducative où nous expliquons et précisons nos pratiques. Notre service « Admissions » répond par ailleurs systématiquement à toutes les sollicitations et questions posées de manière détaillée. À partir de la prochaine rentrée, nous allons intensifier la communication sur certains points. Je pense notamment au calcul des notes attribuées au dossier de candidatures en phase d’admissibilité, ainsi qu’au déroulement de l’épreuve orale en phase d’admission. Cette transparence me paraît indispensable car elle est gage de confiance.

1 Avec 333 places offertes en première année, Sciences Po Bordeaux représente 11,25 % des places disponibles sur la plateforme Parcoursup concernant les IEP de France, devant les autres IEP de Province.

2 La loi relative à l’Orientation et à la Réussite des Étudiants (ORE) vise à offrir une meilleure lisibilité des formations et à ouvrir le champ de la mobilité pour chaque étudiant, tout en donnant aux universités les outils pour mieux s'adapter aux besoins des étudiants de premier cycle.